Les dépendances à l’alcool, à la drogue, au jeu, ainsi que les troubles alimentaires sont bien plus que de simples dépendances! Depuis maintenant cinq ans, l’American Society of Addiction Medicine considère ces troubles comme des maladies chroniques à part entière.
« Les problèmes comportementaux sont le résultat d’un dysfonctionnement cérébral », explique Nora Volkow, directrice de la National Institute on Drug Abuse. En effet, des années de recherche médicale ont prouvé que les dépendances causeraient un brouillage des interactions entre les réseaux émotionnel, cognitif et comportemental. Ainsi, la dépendance à l’alcool ou au jeu ne serait pas seulement un phénomène psychologique, mais également un phénomène neurologique.
Plus complexes qu’on ne l’imagine
Les dépendances trouvent leur origine dans le système de récompense du cerveau. Loin d’être infaillible, ce système peut facilement être altéré par les niveaux de dopamine (les neurotransmetteurs du plaisir) sécrétés lors de la réalisation d’une action ou lors de la consommation d’un produit.
Par exemple, des substances comme le cannabis ou l’alcool ont la capacité d’augmenter considérablement les niveaux de dopamine libérés dans un cerveau humain, donc de créer instantanément un sentiment de bien-être chez une personne. Ainsi, après avoir consommé, une association entre les drogues et le bonheur est établie par le cerveau. Si, à moyen terme, des personnes ressentent le besoin de consommer ces produits à nouveau, c’est que leur cerveau a espoir d’en soutirer les mêmes sensations que lors de la (ou des) premières fois. Chez les individus grandement dépendants, le système de récompense est fortement altéré. Il peut contraindre une personne à consommer, même si elle n’en tire plus aucun plaisir.
Vers la fin de la stigmatisation?
Si se soigner d’une dépendance reste encore une affaire de choix, ces avancés permettent toutefois de mieux comprendre pourquoi il est si difficile pour les alcooliques et les « junkies » d’arrêter de consommer certaines substances. Selon Michael Miller de l’American Society of Addiction Medicine, le simple fait de mieux comprendre les réactions cérébrales à l’origine de ce phénomène pourrait aider à déstigmatiser les victimes, et à pousser davantage d’individus souffrant de dépendance à sortir du placard.
Selon le NIDA, 23 millions d’Américains auraient besoin d’être traités pour une dépendance. Or, moins de 10%, soit 2 millions, le seraient réellement. Pourtant, à l’instar de troubles cardiaques ou du diabète, le traitement de la dépendance est long et nécessite un suivi constant. Certes, la pathologie cérébrale persiste des années après la fin du comportement.