u cours des dernières semaines, la partie nord-est de la Chine a été étouffé dans un smog si épais et si lourdement chargé de microparticules qu’un artiste de performance a réussi à en extraire une brique solide de celui-ci. L’artiste chinois Brother Nut, de son vrai nom Wang Renzheng, a arpenté les rues de Pékin pendant une centaine de jours à raison de quatre heures par jour. Muni d’un aspirateur industriel et d’un masque à gaz, l’artiste a récolté un nombre incalculable de microparticules de pollution afin d’en faire une brique, dans le cadre de son projet baptisé Dust Project. Brother Nut a fabriqué cette brique afin de montrer à l’humanité que ces micro-particules invisibles à l’œil nu sont une matière bien réelle. (Pour voir sa démarche en diaporama, cliquer ici)
Pékin est la pièce maîtresse de cette couverture de pollution semi-permanente, et aujourd’hui, une grande partie de la ville a été fermé sur ordre du gouvernement après que le problème du smog de la capitale chinoise ait atteint des niveaux sans précédent et même dangereux surnommé l’airpocalypse.
Une « alerte rouge » a été mise en vigueur ce qui signifie que les écoles et les entreprises sont tenues de fermer, et les travaux de construction sont arrêtés. Cette alerte, le plus haut niveau possible, a été mise en place lundi soir et persistera jusqu’à jeudi midi, lorsqu’ un front froid entrant est prévu et pourrait dissiper le smog. Bien que le niveau de smog ait déjà été plus élevé auparavant, c’est la première fois qu’une alerte semblable est déclenchée, suggérant que la Chine prend plus au sérieux la qualité de son air.
L’Indice de Qualité de l’Air (IQA), qui réfère à la concentration de particules toxiques dans l’air, se compose de différents niveaux tels que «bon», «modéré», «malsain pour les groupes sensibles », « malsaine », « très malsain », et « dangereux », la pire note possible. Selon l’ambassade américaine dans la capitale chinoise, il a culminé lundi à 291 microgrammes par mètre cube soit plus de 10 fois la moyenne de 24 heures pour les particules de moins de 2,5 microns de diamètre que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) juge acceptable. Cette situation mérite l’indice de « très malsain », presque «dangereux». En fait, l’air atteint actuellement de telles concentrations de particules toxiques qu’une personne atteinte d’aucune maladie respiratoire pourrait tomber malade juste par le fait de ce trouver à l’extérieur, à l’air libre! Entre 2008 et aujourd’hui, l’IQA moyenne quotidienne dans la ville de Pékin a été jugé «malsain» 49 pour cent du temps, et « dangereux » 4 pour cent du temps. Chaque jour en Chine, environ 4 000 personnes décèdent suite à des maladies du cœur ou des poumons, ces maladies étant directement liées à la pollution atmosphérique, dont la grande partie est issue de l’activité des centrales électriques fonctionnant au charbon.
Bien que le terme «smog» soit une combinaison des mots smoke (fumée) et fog (brouillard), le type de pollution observé actuellement observé à Pékin est beaucoup plus complexe et dangereux. Il consiste en un nuage dense de particules toxiques. Oxydes d’azote et monoxyde de carbone produits par les voitures, par la combustion de grandes quantités de charbon pour les industries à proximité et le chauffage. À ceci, si on ajoute des particules microscopiques métalliques et des poussières de céramiques des constructions environnantes et nous obtenons un smog étouffant et dangereux.
Ce niveau de smog est à peine surprenant, car la Chine est de loin le plus grand pollueur et émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. La semaine dernière, la concentration de particules dangereuses atteint jusqu’à 400 microgrammes par mètre cube – 40 fois la limite OMS – mais pas d’alerte a été émis. Jason Kan, un expatrié britannique travaillant actuellement à Beijing, a dit que le smog de la semaine dernière était si mauvais que vous ne pouviez pas voir plus de 50 mètres devant vous (voir photo ci-dessous).
Image:Beijing le 26 Novembre, 2015 (à gauche), comparativement au 1 Décembre 2015 (à droite)
Frustrant, il est une solution claire à ce problème. Pour le 70e anniversaire de la victoire de la Chine dans la Seconde Guerre mondiale, le trafic a été interdit pendant plusieurs jours au centre-ville pour la préparation de la parade officielle. L’IQA d’une journée moyenne, à Pékin est évalué à 160. Le jour de la parade, l’IQA a chuté à seulement 17 et un ciel bleu étai observable alors qu’il est très rare depuis le début du mois.
Malgré un dossier de pollution atroce, la Chine, selon un récent rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie, serait une des têtes d’affiche d’un projet visant à augmenter de plus de 25% le développement des sources d’énergie renouvelables d’ici à 2020. L’engagement du pays à changer sa politique environnementale et de qualité de l’air est un facteur clé la preuve de ses efforts pour faire partie d’un accord contraignant et efficace à la Conférence sur les changements climatiques des Nations Unies à Paris, COP-21 qui se termine ce vendredi 11 décembre.