Nous savons tous que les pratiques médicales anciennes n’étaient pas exactement «scientifiques» de par leur nature plutôt aléatoire. Souvent, les traitements relevaient davantage de superstitions ou légendes plus ou moins comprises. C’est pourquoi cette dernière découverte est si surprenante. Récemment, Christina Lee, de l’Université de Nottingham, a suivi une recette datant du 10ème siècle afin de fabriquer un « potion » supposée traiter les infections bactériennes. La scientifique a d’abord traduit la recette originale du grimoire de Bald, un vieux manuscrit relié de cuir et écrit dans un anglais ancien, aujourd’hui conservé à la British Library. La docteure Lee concocta alors son mélange sans toutefois avoir de grands espoirs. À sa grande surprise, la potion avait un réel pouvoir antibactérien. Tout d’abord, le mélange pouvait contribuer à lutter contre les orgelets et les infections oculaires, comme décrit dans le document présentant la recette du produit. Là où ça devient plus qu’intéressant c’est son potentiel à éliminer certaines bactéries reconnues comme étant très résistantes aux antibiotiques, particulièrement le SARM (Staphylococcus Aureus Résistant à la Méthicilline), superbactérie potentiellement mortelle. La recette miracle consiste en deux plantes du genre Allium (ail et oignon), du vin et du fiel de bœuf, c’est-à-dire de la bile provenant de l’estomac d’une vache. Individuellement, ces substances n’ont aucun effet antibactérien, si ce n’est que de faire fuir les bactéries à cause de l’odeur. Cependant, quand elles sont combinées, comme indiqué dans la recette, elles peuvent éliminer les infections oculaires et s’attaquer aux populations de SARM avec un taux d’efficacité de 99,9%. C’est une très bonne nouvelle car la lutte aux superbactéries n’est pas une sinécure. La découverte de la pénicilline en 1928 a révolutionné la médecine. Pour la première fois dans l’histoire, les infections pouvaient être combattues avec des outils plus efficaces que les pratiques médicales médiévales comme les saignées, sangsues, ou se croiser les doigts. Nous étions maintenant armés pour la guerre. Aujourd’hui, près de 90 ans plus tard, les bactéries le sont aussi. Malheureusement, notre arsenal pour lutter contre les infections est en train de nous glisser des mains. Selon le Center for Disease Control (CDC) aux États-Unis, près de 23 000 Américains meurent chaque année en raison d’infections résistantes aux antibiotiques. Et les chiffres sont à la hausse, parce que les superbactéries sont de plus en plus fortes, plus résistantes. En effet, il existe plusieurs souches bactériennes à l’origine de la tuberculose qui sont totalement résistantes aux médicaments, et la Nouvelle-Zélande vient d’annoncer son premier décès dû à une infection bactérienne complètement résistante aux médicaments. Et comme si ce n’était pas suffisant, aucun nouvel antibiotique n’a été développé au cours des 25 dernières années. Cependant, la découverte de Lee peut nous donner une nouvelle façon de combattre les microbes.
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Personne n’a été plus surpris par cette découverte madame Lee elle-même. «Nous croyons maintenant que la recherche moderne sur les maladies peut bénéficier des réponses et des connaissances du passé, qui sont majoritairement contenues dans des écrits non scientifiques » affirme-t-elle. À l’assaut!
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