Une ancienne statue de Bouddha, provenant du 12ème siècle, cachait un secret qui a traversé les siècles. C’est le genre de secret digne d’un film d’Indiana Jones. De l’extérieur, la statue du moine prosterné dans une position de méditation paraît être en bronze. Une scanographie effectuée en décembre 2015 dans un centre médical des Pays-Bas a révélé qu’à l’intérieur se trouvait le squelette de maître Liuquan, un moine bouddhiste qui a vécu environ en l’an 1 100.
La momie a été découverte cachée l’an dernier par des chercheurs du musée Drents aux Pays-Bas. Elle était exposée au musée en 2014 et c’était d’ailleurs la première fois qu’elle sortait de la Chine. Par la suite, un nouveau scanner a montré que, après que les organes du moine ont été enlevés pour la momification, ils ont été remplacés par des rouleaux de papier couverts d’écritures chinoises.
En fait, il s’agirait d’un cas d’automomification. Cette pratique est interdite au Japon depuis la fin du XIXème siècle, car considérée comme une forme de suicide, chose illégale au Japon. Son but est d’arriver à l’illumination et de devenir bodhisattva. Cette coutume funéraire de momification naturelle ne fut accomplie que par des moines adhérents au mode de pensée Shingon, très fortement teintée de shintoïsme. Tout le dessein du moine est de se détacher du monde sensible, celui des 5 sens, celui-ci n’étant qu’illusions inhérentes au mental par le truchement du corps. Les momies Sokushinbitsu sont très différentes des momies égyptiennes, dont on retirait les organes et dont les corps étaient conservés par l’action de divers produits.
Une succession de 4 étapes constituait le déroulement de l’automomification :
• Pendant 1 000 jours, soit environ 3 ans, le moine n’ingérait que des noix et des graines, couplé à une forte activité physique. Le corps à l’échéance de cette période avait perdu toutes ses graisses.
• Lors des 1 000 jours suivants, le régime se faisait encore plus restrictif, composé de petites quantités de racines et d’aiguilles de pin. Au terme de ces 3 ans le corps devait avoir perdu une partie de ses fluides corporels.
• Vers la fin de cette période la suite des opérations devait amener à un « empoisonnement » du corps visant à le protéger des attaques d’insectes et autres animaux nécrophages. Pour cela, le moine se mettait à boire un breuvage fait de sève de l’arbre urushi (toxicodendron verniciflum, sorte de sumac). Cette sève très toxique notamment utilisée comme laque dans l’ébénisterie, achevait le processus de déshydratation.
• Enfin, le moine était emmuré vivant, en position du lotus dans une cavité juste assez grande pour l’accueillir. Il devait chaque jour faire tinter une clochette reliée à lui et lorsque cessait ce petit air quotidien, on savait qu’il avait enfin quitté son corps et la tombe était définitivement scellée. Les autres condisciples alors, après 1 000 autres jours, ouvraient la sépulture afin de constater que la momification était bien effective. Beaucoup de moines ont tenté de devenir Sokushinbutsu mais très peu y sont parvenus.