Le 4 mai 2016, un article alarmiste du Daily Telegraph faisait le tour du monde en moins que quelques heures. En se basant sur les conclusions d’une étude portant sur les caractéristiques des bactéries vivant dans nos intestins, le journal anglais affirmait que « l’obésité pourrait être aussi contagieuse que le C. difficile ». Est-ce réellement le cas?
Réponse : NON! En fait, cet article est probablement l’une des pires gaffes journalistiques dans l’histoire récente de la vulgarisation scientifique. Effectivement, les auteurs de l’étude originale ont tenu à rectifier le tir : aucun indice ne porte à croire que l’obésité est contagieuse.
Qu’est-ce qui explique ce quiproquo?
Plusieurs centaines d’espèces de bactéries vivent dans nos intestins. Apparemment, ces dernières affectent la façon dont nous digérons de la nourriture, affectent notre système immunitaire et affectent notre température corporelle. Malheureusement, très peu de données scientifiques probantes existent sur cesdites bactéries, puisqu’elles sont très difficiles à cultiver en laboratoire.
Des chercheurs de la Wellcome Trust Sanger Institute (au Royaume-Uni), de la Hudson Institute of Medical Research et de la Monash University (en Australie) ont toutefois découvert que 40% des bactéries intestinales humaines pourraient être cultivés hors de notre corps. Leurs résultats prouvent même que 30% de ces bactéries, à l’instar du C. difficile, peuvent se propager entre humains.
Dans un communiqué envoyé aux médias, les chercheurs responsables de cette découverte ont spéculé que l’obésité pourrait être en partie causée par un débalancement de ces bactéries intestinales transmissibles. Les journalistes du Daily Telegraph ont malheureusement compris, à tort, qu’il existait des bactéries pouvant provoquer l’obésité, et que ces dernières pouvaient se propager chez les humains. Il s’agit évidemment d’un énorme raccourci intellectuel. Les chercheurs, qui ont été alarmés par les conclusions formulées par le journal anglais, craignent que cette nouvelle ait provoqué l’ostracisassions des personnes obèses.