L’augmentation constante de la population mondiale entraîne un problème majeur face à l’alimentation, problème sur lequel tous les pays du monde se penche présentement. En effet, la demande sans cesse croissante de nourriture et la disponibilité de plus en plus limitée de territoire cultivable nous obligent à envisager des options totalement nouvelles. La demande en viande doit changer car l’élevage est beaucoup trop gourmand en eau, terre et fourrage pour nourrir la planète. La population mondiale devrait se situer autour de 9,1 milliard en 2050 et plus de 130 pays unissent leurs efforts pour tenter de trouver de nouvelles alternatives. Ainsi, des représentants de tous ces pays sont présentement rassemblés à l’exposition universelle à Milan (Italie) sous le thème « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». La grande majorité des idées proposées se tournent vers la culture végétale; des cultures plus performantes, des aliments plus nutritifs sont les solutions les plus intéressantes ou applicables. Une équipe néerlandaise fait bande à part en proposant de la viande … artificielle. Le projet nommé « bœuf en culture » est mené par l’équipe du professeur de chimie Mark Post de l’université de Maastricht et soutenu par Google. Il ne s’agit pas ici de bœuf aux allures de Frankenstein mais plutôt de cellules de vaches cultivées in vitro. Le principe est simple. On prélève dans du muscle bovin des cellules souches ayant la capacité de se multiplier jusqu’à 1018 (1 milliard de milliards) fois avant de se différencier en cellules musculaires. Une technique déjà utilisée en médecine dans la réparation des tissus endommagés. Soumises à un milieu de culture adéquat composé, entre autres, de facteurs de croissance, de nutriments, d’acides aminés et d’antibiotiques, ces cellules vont donner en quelques semaines des cellules musculaires. Celles-ci qui, assemblées en des milliers de couches successives, constituent une chair semblable à du bœuf haché. Les scientifiques néerlandais voient dans cette technique de nombreux avantages : un impact environnemental inférieur à l’élevage, une adaptabilité nutritionnelle — on pourrait sélectionner les acides gras et acides aminés de cette viande “sur mesure” — et enfin le respect du bien-être animal. Mais cette prouesse technique a pour l’heure un prix restrictif : 250 000 dollars US, soit environ 229 000 euros, pour produire une simple boulette de steak haché. Un coût qui pourrait, certes, considérablement baisser une fois la production lancée à grande échelle grâce au développement d’incubateurs géants. La plus grande contrainte au développement de la technique demeure toutefois la réceptivité des consommateurs potentiels. La viande “naturelle” possède en effet une trame conjonctive faite de vaisseaux et de collagène qui lui confère sa texture, les os servant également de “tuteurs”. Rien de tout cela pour l’heure dans la viande artificielle qui, loin de ressembler à une côte de bœuf, imite seulement la viande hachée. Connaissant les avantages présentés ci-dessus, l’importance de trouver des alternatives alimentaires pour l’avenir et si on peut vous en confirmer les bienfaits pour la santé, seriez-vous prêts à consommer de la viande artificielle? Si ça peut vous rassurer, il existe déjà un livre de recettes pour ce type de viande : The In Vitro Meat Cookbook, de Hendrik-Jan Grievink et Koert van Mensvoort, BIS Publishers, 2014 (en anglais).
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