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Un épervier de Cooper de la région de Vancouver est officiellement l’oiseau le plus contaminé jamais observé dans le monde. L’oiseau en question fait partie d’une trentaine d’oiseaux dont le foie a été analysé par une équipe de chercheurs canadiens pour des études environnementales. Ce que les résultats de l’étude révèlent, résultats publiés cette semaine, ne sont pas à l’avantage des Canadiens. En effet, l’épervier de Cooper étudié est maintenant l’oiseau le plus contaminé jamais observé dans le monde. Son foie contenait une concentration surprenante de polybromodiphényléthers (PBDE), un produit chimique ignifuge incorporé à grande échelle dans les rembourrages et les appareils électroniques. Pour un des auteurs de la recherche, Kyle Elliott, professeur à l’Université McGill, il n’y a évidemment pas de quoi se vanter. «Je ne suis pas fier mais bien consterné! dit-il en entrevue. On pense que le Canada est un pays responsable sur le plan de l’environnement. Cependant, le niveau de pollution qu’on a observé au niveau du foie de cet oiseau dépasse tout ce qu’on a observé, même chez les oiseaux près des dépotoirs d’appareils électroniques en Chine.»

Une deuxième surprise attendait les chercheurs au cours de leur démarche. Ils ont trouvé que la pollution au DDT, des années ’50, et aux BPC, des années ‘70, est encore bien présente dans l’environnement. Tout aussi inquiétant est la présence de polluants plus récents, en particulier les PBDE, composés bromés utilisés pour protéger du feu certaines matières plastiques. Les PBDE sont toujours en augmentation dans les milieux urbains. Il est difficile de savoir quels effets ont les PBDE sur les animaux dans la nature, mais certains effets ont été prouvés en laboratoire, note M. Elliott. «À des taux 100 fois moins élevés que ceux qu’on a observés dans notre étude, les hormones thyroïdiennes ont été affectées chez le pygargue à tête blanche. Et à des taux 10 fois moins élevés, la croissance des faucons crécerelles a été ralentie. On ne peut pas dire que les oiseaux sont tués directement, mais leur santé est affectée.»

La pertinence d’utiliser les PBDE comme ignifuges est de plus en plus contestée, même chez les pompiers. Plusieurs associations de pompiers aux États-Unis demandent l’interdiction de ces substances. En 2008, le Canada a interdit la production et l’importation de PBDE et de toute résine ou polymère qui en contient. Toutefois, certaines formes de PBDE sont toujours permises au Canada, notamment la formulation appelée décaBDE. Au début du mois d’avril, le gouvernement fédéral a proposé d’interdire également cette forme de PBDE. La consultation à ce sujet se poursuit jusqu’au 18 juin. Même si la plupart des formes de PBDE sont interdites depuis quelques années, on va continuer à en retrouver de plus en plus dans l’environnement. Les produits sont incorporés aux meubles et aux appareils électroniques et ils vont continuer à se répandre, par la poussière dans les maisons et lieux de travail, mais surtout par les lieux d’enfouissement, où ces meubles et appareils vont finir leur vie. «On l’a vu dans une étude canadienne, les étourneaux vivant près d’un lieu d’enfouissement avaient 15 fois plus de PBDE dans le corps que ceux vivant en milieu urbain», explique Kyle Elliott.

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