En 1998, Andrew Wakefield, un ancien chirurgien anglais, a publié un article fracassant dans l’une des plus grandes revues médicales anglaises, The Lancet. Il y « démontrait » la relation entre le taux d’autisme infantile de plus en plus élevé, une forme d’entérocolite et la vaccination RRO (Rougeole, Rubéole, Oreillons). Cet article a eu un effet dévastateur, servant de prétexte à différentes campagnes anti-vaccination. A la suite de la présentation des résultats, on a constaté une chute importante de la couverture vaccinale, notamment aux États-Unis, au Royaume Uni et dans plusieurs pays européens. Les conséquences sanitaires ne se sont pas fait attendre. Seulement en France, on a observé une résurgence de la maladie entre 2008 et 2012. En 2011, un pic est atteint lorsqu’on dénombre plus de 24 000 cas de rougeole, alors qu’en 1997, seulement 135 cas étaient répertoriés. La rougeole, qui n’est pas qu’une maladie infantile, peut avoir des complications redoutables : surinfections, troubles neurologiques, cécité, stérilité. Aux États-Unis, de nombreux cas de rougeole refont surface alors qu’elle a été déclarée éradiquée en 2000. Depuis l’article du Dr Wakefield, le doute est omniprésent sur la planète entière et des millions d’enfants n’ont pas reçu ledit vaccin, ou plusieurs autres vaccins soit dit en passant, car plusieurs parents étaient convaincus que la vaccination, notamment le vaccin RRO, causait l’autisme. Finalement, une récente étude fait le point sur ce vaccin. L’étude portant sur environ 95 000 enfants ayant des frères et soeurs plus âgés dont certains étaient autistes, n’a montré aucun lien entre le vaccin triple contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et l’autisme. Les résultats de cette recherche publiée mardi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) confirment de nombreuses autres études du même type effectuées ces quinze dernières années. Malgré les multiples preuves scientifiques, un grand nombre de parents continuent de penser qu’il existe une corrélation entre le triple vaccin et un risque accru des troubles du spectre autistique (TSA). Des enquêtes auprès de parents ayant un enfant souffrant d’autisme démontrent qu’un grand nombre d’entre eux croit que ce triple vaccin y a contribué. Cette croyance, combinée au fait qu’un enfant dont le frère ou la soeur aînée est autiste a un risque génétique accru de souffrir de ce trouble, pourrait conduire ces parents à ne pas faire vacciner leurs plus jeunes enfants, expliquent les auteurs. L’étude menée par la Dr Anjali Jain, du Lewin Group à Falls Church en Virginie, indique clairement que le vaccin n’est aucunement lié à un accroissement du risque d’autisme, quel que soit l’âge de la vaccination ou le fait qu’un frère ou une soeur plus âgé soit autiste. Pour revenir sur le Dr Wakefield, les données permettant à celui-ci de tirer ses conclusions étaient pour le moins insuffisantes, puisqu’elles se basaient sur l’observation de seulement douze patients. En dépit de ces faiblesses méthodologiques, Wakefield n’hésitait pas à affirmer une causalité de la vaccination. De plus, de façon surprenante, la relation vaccination/autisme était décrite comme très rapide… Il s’avérera que les travaux publiés par Wakefield et ses co-auteurs étaient purement et simplement falsifiés. Entre 2004 et 2010, le journaliste d’investigation Brian Deer, du Sunday Times, mettra au jour l’existence de nombreuses anomalies. Il révélera notamment l’existence de liens d’intérêts non déclarés entre Wakefield et une organisation d’avocats anti-vaccination, qui avait demandé l’étude ! L’histoire ne s’arrête pas là. En 2011, Deer démontrera que Wakefield voulait lancer une entreprise anti-vaccination commercialisant un prétendu test qui aurait permis de détecter l’autiste. Cette histoire est riche d’enseignements. Elle démontre qu’il faut rester extrêmement prudent à l’égard des affirmations d’efficacité d’un nouveau médicament ou d’effets indésirables, mêmes publiées dans de très grandes revues médicales. En science et surtout en médecine, il faut garder raison, vérifier, enquêter et ne pas céder au sensationnalisme ! La vidéo ci-dessous présente une argumentation sur l’obligation de se faire vacciner ou non dans certains pays.
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