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«La vie n’est pas un miracle. C’est le résultat d’une évolution naturel, et on peut s’attendre à la retrouver chaque fois qu’il y a une planète dont les conditions se comparent avec celles de la Terre ». Tels étaient les mots d’Harold Urey, physico-chimiste célèbre pour sa contribution à notre compréhension de la matière organique. En effet, depuis que l’Homme est à la recherche d’organismes extraterrestres, nous avons trouvé des milliers de planètes qui pourraient avoir les éléments essentiels pour soutenir la vie. Les astronomes s’entendent pour dire qu’il existerait plusieurs milliards de planètes situées dans une zone habitable autour de leur étoile, également désignée sous le terme «écosphère ».  Afin de déterminer l’habitabilité d’une planète, ou d’une lune, les scientifiques ont mis au point l’Indice de Similarité avec la Terre (IST). Cette échelle, qui inclut plusieurs facteurs (le rayon, la densité, la température de surface, etc.), vise à quantifier le degré de similitude des différentes planètes ou satellites face à notre Terre. Alors que certaines exoplanètes possèdent un IST remarquablement élevé, tels que Kepler-438b, avec une IST de 0,89 sur 1, et Gliese 667 Cc avec une IST de 0,84, la plupart d’entre elles se situent à plusieurs centaines d’années-lumière, donc hors de notre portée technologique  moderne. Qu’en est-il de notre propre système solaire? Eh bien, il y a trois candidates qui ont été considérées comme ayant  de sérieuses chances d’héberger une vie extraterrestre, surtout depuis quelques années: deux lunes de Jupiter, soit Europe et Ganymède, et une lune de Saturne, Encelade. En fait, en février dernier, la NASA a annoncé un budget de  $ 255 000 000 pour une mission d’exploration sur Europe. Toutefois, selon l’IST, aucun de ces satellites ne possède un IST supérieur à 0,3. Alors pourquoi sont-ils identifiés comme détenant un tel potentiel pour la vie? La réponse se trouve dans les océans, geysers et sources hydrothermales situés à l’intérieur de ceux-ci. Sur l’ensemble des facteurs qu’il faut pour qu’une planète supporte la vie, la présence d’eau liquide a toujours été considérée comme l’un des plus essentiels. Par exemple, la découverte de glace sur Mars laisse sous-entendre la possibilité que Mars ait déjà supporté la vie à une époque où l’eau y aurait été liquide. Bien que de nombreuses théories alternatives proposent que d’autres environnements biochimiques possibles pourraient également contenir les hydrocarbures nécessaires pour héberger des organismes vivants, comme les lacs de méthane trouvés sur une autre  lune de Saturne, Titan, notre seul réel précédent pour la vie est ce que nous observons ici sur Terre. Selon les dernières études, sous son épaisse couche de glace, Europe est susceptible d’avoir un vaste océan qui serait conservé sous forme liquide en raison de l’activité des marées provoquée par Jupiter. En se référant aux informations provenant du satellite Galileo de la NASA, Europe contient jusqu’à trois fois plus d’eau que l’on trouve sur Terre, et ce, même en dépit de sa taille à peine plus grande que notre Lune (voir image). «L’océan de Europe, au mieux de notre connaissance, n’est pas un milieu si hostile » affirme l’astrobiologiste Kevin Hand. En effet, bien que son océan atteigne une profondeur que 100 km, des organismes vivants ont déjà été trouvés dans des endroits avec des conditions aussi extrêmes sur la terre, comme la fosse des Mariannes. Contrairement à la vision dépassée que la photosynthèse est un élément absolument essentiel de la vie, les scientifiques des deux dernières décennies ont conclu que la vie microbienne peut survivre par chimiosynthèse. Une mission d’exploration, nommée Europa Clipper, sera lancée au milieu des années 2020. Elle aura comme objectif d’observer la topographie de la lune de Jupiter, d’examiner l’épaisseur de sa croûte de glace, et d’analyser la capacité de l’océan sous-glacière à supporter la vie. Si le système de lancement de la NASA est terminé à temps, il permettra Europa Clipper de voyager de la Terre à Jupiter en seulement 3 ans. La sixième plus grande lune de Saturne, Encelade,  a récemment été identifiée comme étant l’un des endroits les plus prometteurs pour supporter une vie extraterrestre dans notre système solaire,  peut-être même supérieur à Europe dans ses caractéristiques. En 2005, la sonde Cassini de la NASA a trouvé des panaches de vapeur d’eau émanant du pôle sud d’Encelade, atteignant des hauteurs de 200 km, tout comme ceux déjà observés sur Europe. En 2014, la sonde a découvert l’existence d’un océan sous la surface avec une profondeur estimée à seulement 10 km. Très récemment, en 2015, les astrophysiciens travaillant sur la mission Cassini viennent d’annoncer qu’ils avaient décelé des activités hydrothermales dans l’océan d’Encelade, une première  à l’extérieur de la Terre. Les dernières découvertes suggèrent que l’océan d’Encelade contiendrait un grand nombre des éléments chimiques essentiels à la vie (azote, dioxyde de carbone, méthane, etc.). Cela laisse peu de doute que cette lune pourrait très bien abriter des organismes microbiens, et peut-être même de petits animaux aquatiques. Comme nous le savons, la vie prend des millions d’années à se former, et il est donc difficile de savoir si la lune de Saturne aurait eu assez de temps pour développer et maintenir ses propres organismes. Néanmoins, avec un océan qui posséderait une quantité d’eau comparable à celle du lac Supérieur, au Canada, la petite taille d’Encelade en fait un milieu vraiment excitant à explorer. Au cours des dernières semaines, la plus grande lune de Jupiter, Ganymède a aussi été identifiée comme possédant un océan sous sa surface, ce qui la placerait au même niveau d’habitabilité qu’Europe et Encelade. Tout comme Europe, l’océan de Ganymède aurait une profondeur d’environ 100 km. Des indices suggérant l’existence d’un océan sous la surface avaient été détectés en 2002 par la sonde Galileo de la NASA, mais les données n’était pas encore concluante à l’époque. Malgré sa position de satellite autour de Jupiter, Ganymède fait environ 5268 km de diamètre. En fait, si elle était en orbite autour du Soleil au lieu de Jupiter, elle serait suffisamment massive pour être classée comme une planète. Le fait que la vie existe ou non sur Ganymède sera considéré dans la prochaine décennie, mais, tout comme Europe et Encelade, son potentiel pour l’habitabilité est très élevé. L’Agence spatiale européenne (ESA) prévoit envoyer une sonde spécialisée pour étudier les lunes de Jupiter en 2022, le Jupiter Icy Moon Explorer. Sa mission consistera à recueillir des données sur Ganymède, Europe et Callisto, en mettant l’accent sur la présence d’indices pouvant démontrer si oui ou non des organismes extraterrestres pourraient prospérer dans leurs milieux respectifs. La sonde devrait rejoindre l’orbite de Ganymède autour de 2033. Alors que la majorité de ces projets d’exploration  semblent éloignés dans le temps, leur importance ne doit pas être sous-estimée. Découvrir des organismes vivants à l’extérieur de la Terre serait l’événement scientifique le plus révolutionnaire dans l’histoire de l’humanité. Jusqu’à présent, les astrobiologistes ont traditionnellement assumé que les conditions terrestres, comme en témoigne l’IST, sont les plus susceptibles d’abriter la vie. Ce point de vue pourrait bientôt être entièrement revu et remplacé par une attitude plus flexible dans nos futures recherches extraterrestres. Plus important encore, la signification philosophique d’une telle découverte serait incommensurable. Plusieurs religions, la politique, et les théories sur le sens de la vie sont basées sur l’hypothèse que nous sommes seuls dans ce vaste univers. La découverte d’organismes étrangers dans notre propre système solaire modifierait radicalement les structures fondamentales de notre philosophie et  confronterait directement les enseignements des plus grandes religions du monde entier.  

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