Cela fait déjà plusieurs décennies que l’on s’intéresse au rôle du régime méditerranéen, et donc à l’huile d’olive, dans la prévention de certaines affections comme les maladies cardiovasculaires et certaines formes de cancer. Ainsi, les progrès réalisés dans le domaine de la nutrition et de la biochimie ont démontré que certaines composantes alimentaires possèdent des propriétés qui favorisent la santé et préviennent les maladies. La nourriture n’est donc pas simplement un élément culinaire mais également un moyen susceptible d’améliorer la santé. Une équipe de scientifiques de l’Université Rutgers et du Hunter College de la City University of New York ont permis une avancée notable sur la compréhension d’un mécanisme qui pourrait éliminer les cellules cancéreuses sans s’attaquer aux cellules saines. En effet, les données accumulées laissent croire que l’huile d’olive, entre autres, serait bénéfique pour la santé : réduction des facteurs de risque de coronaropathie, prévention de plusieurs types de cancers, modification des réponses immunitaires, réduction des marqueurs de l’inflammation et diminution des déficits cognitifs liés à l’âge. C’est l’oléocanthal, composé antioxydant présent dans les huiles d’olive extra-vierges, qui joue ce rôle médicinal. Le composé n’est présent que si l’huile a été obtenue par extraction à froid (en dessous de 27 °C) et procure une sensation de piquant au fond de la gorge. Il a été récemment synthétisé et s’est avéré posséder les mêmes propriétés pharmacologiques que l’ibuprofène, médicament anti-inflammatoire (Beauchamp et al., 2005). Le plus surprenant dans leur étude vient du fait qu’après avoir étudié ses effets sur les cellules cancéreuses (prostate, sein, pancréas) et non cancéreuses, in vitro, les chercheurs ont observé que les cellules cancéreuses mourraient, et surtout, en un temps record. En règle générale, les cellules meurent en 16 à 24 heures alors qu’en présence de l’oléocanthal, les cellules malades meurent en moins d’une heure. Certaines cellules cancéreuses sont mortes en 30 minutes ! Comment est-ce possible ? Les chercheurs émettent l’hypothèse que l’oléocanthal pénètre à l’intérieur des cellules cancéreuses et détruit les lysosomes, sortes de petits sacs internes qui accumulent les déchets cellulaires. Les lysosomes sont plus gros dans les cellules cancéreuses que dans les cellules saines mais sont surtout plus fragiles. L’oléocanthal endommage visiblement la membrane de ces « sacs ». Il en résulte que les déchets cellulaires s’accumulent dans la cellule, les fonctions cellulaires commencent à faiblir et la cellule malade finit par mourir. Les cellules saines, elles, demeurent intactes. Mission accomplie. Si l’efficacité de l’oléocanthal était déjà connue des scientifiques, c’est bien la compréhension de son fonctionnement qui représente la plus grande avancée. En effet, sa capacité à cibler la stabilité de la membrane des lysosomes représente une nouvelle approche de grande importance dans la manière de soigner le cancer. En effet, cette approche permettrait de provoquer la mort des cellules cancéreuses sans s’attaquer aux cellules saines, ce qui, pour le patient, serait une véritable avancée. Il faut cependant rester prudent dans nos conclusions. Si l’importance de l’alimentation est très largement sous-évaluée en médecine moderne, l’huile d’olive ne peut pas être considérée comme un médicament miracle anti-cancer. En effet, l’étude porte exclusivement sur des cultures de cellules, bien éloignées de la complexité d’un organisme multicellulaire. Nombreux cancers ont une cause génétique ou externe qu’il n’est pas toujours possible d’éviter. De plus, selon l’un des chercheurs, dans une huile d’olive extra-vierge de haute qualité, l’oléocanthal est peu concentrée de sorte qu’un individu de 90 kg devrait consommer 2,25 litres d’huile d’olive par jour pour avoir des résultats probants. Il est par contre raisonnable de penser qu’une exposition normale continue et quotidienne à l’oléocanthal pourrait avoir un effet positif à long terme.
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