Plusieurs greffes ont lieu chaque jour. Nous transplantons reins, moelle osseuse, mains … et la liste s’allonge encore et encore. Il faudra sans doute ajouter un nouvel organe à la liste des greffons possibles : la tête. Oui, vous avez bien lu, la tête. Des scientifiques croient qu’ils pourraient être en mesure de performer la première greffe de tête humaine dans les prochaines années, soit autour de 2017. Depuis longtemps, nous avons la capacité de pratiquer des greffes simples de peau. En effet, ces procédures remontent au cinquième siècle de notre ère, grâce à un homme connu sous le nom Sushrutha qui était un chirurgien indien. La première greffe réelle, dans le sens où il s’agissait d’implanter le tissu d’un organe afin de s’assurer de maintenir la fonction dudit organe, n’a eu lieu qu’en 1883. C’était une greffe de la thyroïde effectué par Theodor Kocher, un chirurgien et lauréat du prix Nobel. Grâce aux avancées très rapides au 20e siècle, les greffes sont maintenant très communes. Cependant, alors que nous n’avons plus à réfléchir deux fois à propos d’une greffe de rein, une greffe de la tête est une tout autre histoire. Cela dit, nous avons travaillé sur les greffes de la tête pendant des années. La première transplantation réussie de tête, où une tête a été entièrement remplacée par un autre, a été réalisée en 1970. L’opération a été réalisée par Robert White, qui transplanté la tête d’un singe sur le corps d’un autre singe. Les techniques de l’opération, en 1970, n’étaient, bien sûr, pas tout-à-fait au point. Tout d’abord, l’équipe n’a même pas tenté de relier les moelles épinières. Ces connexions sont très complexes, même selon les normes d’aujourd’hui. Par conséquent, le singe ne pouvait pas bouger son corps. Cela dit, l’opération a été un succès, dans le sens où le singe était capable de respirer (avec l’assistance artificielle) et de vivre pour un temps. Cependant, dans le cas probable où vous vous poseriez la question, le singe n’a pas survécu très longtemps. Il est mort neuf jours plus tard, lorsque le système immunitaire a rejeté la tête. C’était il y a plus de quatre décennies, et nous avons fait quelques progrès notables depuis. Aujourd’hui, Sergio Canavero, du Groupe de Neuromodulation Avancée de Turin, veut utiliser cette opération pour prolonger la vie de personnes souffrant de certaines maladies. Par exemple, une greffe de la tête pourrait grandement aider ceux dont les muscles ou les nerfs ont dégénéré ou qui ont un cancer avancé. En outre, il affirme que cette procédure pourrait être réalisée car on peut maintenant fusionner les moelles épinières et empêcher le système immunitaire du corps de rejeter la tête. La chirurgie, affirme-t-il, pourrait être effectuée dès 2017.
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Canavero a publié ses idées sur le protocole menant à la transplantation dans l’édition de ce mois du Surgical Neurology International. Le processus exige que les médecins refroidissent la tête du donneur et le corps du destinataire. Cela permet de prolonger le temps que les différentes cellules peuvent survivre sans oxygène. Après cela, le tissu autour du cou devra être tranché et les médecins devront relier les principaux vaisseaux sanguins par des tubes. Ensuite, la moelle épinière sera coupée sur chaque personne. La tête sera ensuite positionnée sur le corps du receveur et les deux extrémités de la moelle épinière seront fusionnées. L’individu devra être maintenu dans le coma pendant trois ou quatre semaines pour empêcher tout mouvement. À la fin du processus, Canavero affirme que l’individu serait en mesure de se déplacer et de parler et aussi que la personne serait capable de marcher dans un délai d’un an. Présenté de cette façon, tout cela semble bien simple. Cependant, c’est tout sauf simple. Beaucoup de chirurgiens sont sceptiques sur les chances de réussite de l’intervention, et ce, même dans un futur lointain. Par contre, d’autres croient que c’est tout à fait possible, mais s’interrogent sur le délai deux années pour l’accomplir. Canavero, lui, espère et prévoit mener plusieurs autres expériences sur des animaux au cours des prochaines années afin de vérifier si sa méthode peut fonctionner. Canavero prévoit présenter son projet lors de la conférence annuelle de l’American Academy of Neurologic and Orthopaedic Surgeons (AANOS) en juin 2015 afin d’obtenir des commentaires sur sa proposition. Un autre débat se mettra en place au sujet des considérations éthiques d’une telle opération. En effet, certains ont exprimé des inquiétudes sur le fait que cette opération pourrait intéresser des personnes qui veulent échanger leur corps pour des raisons esthétiques. Évidemment si elle devient possible, l’intervention devra être soumise à un règlementation rigoureuse.
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