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L’Amazonie couvre 6,9 millions de kilomètres carrés en Bolivie, Brésil, Colombie, Equateur, Pérou, Surinam, Venezuela, et Guyane, dont 60% est en territoire brésilien. Sa surface et sa flore en font le « poumon de l’humanité » mais malheureusement, sa déforestation intensive font que la forêt commence à présenter des failles dans son rôle régulateur du climat et l’avenir de l’homme en dépend.

Un célèbre chercheur brésilien, Antonio Donato Nobre, de l’Institut national des recherches spatiales (INPE), lance ce cri d’alarme dans le rapport « L’avenir climatique de l’Amazonie » documenté de 200 articles et recherches sur le thème. Dans ce rapport, le message le plus important est qu’il faut valoriser la forêt. Le climat se ressent de chaque arbre retiré de l’Amazonie. Le changement climatique n’est plus une prévision scientifique mais une réalité. Selon Nobre, nous n’avons plus le temps, le désastre est déjà en cours. Au cours des 40 dernières années on a détruit 763 000 kilomètres carrés de forêt (deux fois la superficie de l’Allemagne), c’est à dire 2 000 arbres par minute. Cela correspond à une route de 2 km de large qui va de la Terre à la Lune.

Nobre affirme aussi qu’il faut s’unir dans un « effort de guerre », comme l’ont fait les alliés lors de la Seconde Guerre mondiale. Le « déboisement zéro » ne suffira pas, il faut reboiser la forêt, recréer les écosystèmes dans les zones dégradées. Nous détruisons le système écologique, c’est un signe de folie car nous allons droit à l’abattoir.

Et ce n’est pas seulement l’Amazonie qui est en jeu mais les forêts du Congo, de la Sibérie etc.. Il faut que les gouvernements du monde, les entrepreneurs et les élites fassent comme lors de la crise de 2008. En 15 jours ils ont trouvé des milliers de milliards de dollars pour sauver le système bancaire. Il faut faire de même pour éviter l’abîme climatique et sauver l’humanité, et cela ne coûtera pas aussi cher.

L’Amazonie est un système unique sur la planète. Elle exporte de l’humidité au moyen des « rivières de vapeur volantes », des courants d’humidité qui circulent au-dessus des arbres et qui provoquent des pluies dans le sud-est, le centre-ouest et le sud du Brésil ainsi que dans d’autres régions de Bolivie, Paraguay, Argentine à des milliers de kilomètres. Le problème c’est que nous détruisons les sources de ces rivières volantes. Sans les services de la forêt ces régions productrices pourraient avoir un climat presque désertique. Les arbres amazoniens arrivent à émettre dans l’atmosphère l’équivalent de 20 milliards de tonnes d’eau par jour, plus que l’Amazone n’en déverse chaque jour dans l’Océan Atlantique (17 milliards de tonnes). C’est comme une pompe qui envoie l’eau vers les autres régions. C’est pourquoi il n’y a pas de désert ni d’ouragans à l’Est des Andes. Il y a de grandes preuves que la crise climatique est liée à la déforestation de l’Amazonie.

Le déboisement zéro aurait dû commencer hier. Le gouvernement brésilien a fait un travail magnifique de 2004 à 2012 en réduisant le déboisement de 27 000 kilomètres carrés par an à 4 000 kilomètres carrés. Mais le nouveau code forestier qui a amnistié ceux qui déboisent a envoyé un signal d’impunité et tout a repris.

« Si les gouvernements réagissent, on a la capacité de se remettre mais ce n’est pas garanti car il existe des changements climatiques mondiaux. Cependant, reconstuire les écosystèmes est la meilleure solution » dit Nobre.

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