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Environ 100 milliards de bactéries tapissent les parois intestinales de chaque être humain et constituent ce qu’on appelle le microbiote. Leur rôle sur la santé n’est étudié que depuis quelques années mais quelques résultats intéressant se profilent déjà concernant l’obésité ou les maladies inflammatoires intestinales. L’équipe de Sergueï Fetissov de l’Inserm, Institut national de la santé et de la recherche médicale, en France, a étudié les liens entre l’intestin et le cerveau sur les troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie. Ce lien entre microbiote et troubles alimentaires pourrait bien être une protéine appelée ClpB fabriquée par certaines bactéries du tube digestif comme Escherichia coli. « Cette protéine est sécrétée quand les bactéries sont soumises à un stress et elle est le sosie d’une des hormones de la satiété, la mélanotropine » explique Sergueï Fetissov. La ClpB a des propriétés anorexigènes, c’est-à-dire qu’elle diminue l’appétit et déclenche une réaction du système immunitaire produisant des anticorps dirigés contre elle. Ces anticorps vont aussi se lier à l’hormone de la satiété, du fait de son homologie de structure, et « moduler son action vers l’anorexie ou la boulimie selon leurs propriétés », précise le chercheur. Les recherches ont été menées sur des souris en laboratoire puis confirmées par des tests sanguins effectués sur soixante patients atteints de troubles alimentaires. Les résultats, publiés dans la revue Translational Psychiatry, indiquent que les taux d’anticorps dirigés contre la ClpB et la mélanotropine sont plus élevés chez ces patients. Les chercheurs de l’Inserm travaillent en ce moment au développement d’un test sanguin basé sur la détection de la protéine bactérienne ClpB. Il permettrait de mettre en place des thérapies spécifiques chez ces patients, estiment les chercheurs dans un communiqué de l’Inserm. En parallèle, ils travaillent sur des modèles animaux pour découvrir comment neutraliser l’action de la ClpB et la dérégulation de la prise alimentaire qu’elle engendre. Si cette étude indique que « des maladies comme la boulimie et l’anorexie sont en partie engendrées par la réponse immunitaire de l’organisme contre la ClpB, il ne faut pas oublier que ces pathologies sont aussi associées à des troubles psychologiques qu’il faut prendre en compte” rappelle Sergeï Fetissov.

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