Notre soleil connaît des éruptions suffisamment violentes pour bousculer la magnétosphère terrestre et perturber les satellites de télécommunications ou de positionnement. Cependant, ce n’est rien de comparable avec ce qui s’est passé sur DG CVn. En effet, c’est sur un des astres d’un système binaire, DG CVn, composé de deux naines rouges situé à 60 années-lumières de la Terre qu’a été observé la plus violente et la plus longue éruption stellaire jamais observé. Les naines rouges sont des étoiles plus petites, moins massives et plus froides que le Soleil. De nombreuses naines rouges sont connues. En fait, elles représentent les étoiles les plus nombreuses de l’univers. Les éruptions solaires sont classées selon leur puissance en quatre catégories : B, C, M et X (la classe X représentant les éruptions les plus intenses). À cette lettre est adjoint un chiffre qui caractérise la puissance. La plus forte éruption solaire connue s’est produite en novembre 2003 et a été classée X45 (image ci-dessous). Celle de DG CVn, à son apogée, équivaut à une éruption de type X100 000 ! L’éruption sur DG CVn a été détectée et observée par le télescope spatial Swift de la Nasa, mis en orbite pour étudier les sursauts gamma (les évènements les plus violents et lumineux de l’univers), le 23 avril 2014. Ce jour-là, à 17 h 07, l’instrument BAT (Burst Alert telescope) de Swift chargé de repérer les sursauts gamma et de déclencher les autres instruments a capté une bouffée de rayons X en provenance de DG CVn. Il a aussitôt mis en éveil les deux autres instruments du télescope : le XRT (télescope à rayons X) et l’UVOT (télescope UV et optique) qui ont braqué leurs lentilles sur la source. Au même moment, les astronomes sur Terre travaillant sur la mission SWIFT ont reçu une alerte de l’instrument BAT leur annonçant que quelque chose d’inhabituel se produisait quelque part dans l’univers. « Trois minutes après le déclenchement de BAT, la quantité de rayons X provenant de l’éruption était supérieure à la quantité de lumière totale des deux étoiles combinées dans des conditions normales”, souligne Adam Kowalski, du Centre Goddard pour les vols spatiaux. En tout SWIFT et certains observatoires terrestres ont enregistré sept éruptions sur une période de deux semaines. Les deux premières étant les plus intenses et les suivantes s’amenuisant au fil du temps, « comme les répliques d’un tremblement de Terre » selon la comparaison de Rachel Osten, astronome au Space Telescope Science Center. Durant cette période la luminosité de la double étoile a augmenté de plus de 10 fois en lumière visible et de 100 fois dans les ultraviolets. La vidéo ci-dessous (anglais) présente des images saisissantes et des détails supplémentaires sur l’évènement. L’observation de cette succession d’éruptions a surpris les astronomes qui ne pensaient pas qu’une naine rouge pouvait générer de si puissants jets d’énergie sur une aussi longue période. Ils supposent que c’est la vitesse de rotation rapide de l’étoile (environ 30 fois plus rapide que le Soleil) qui a permis de générer un tel évènement. Une vitesse de rotation élevée caractérise les étoiles jeunes, les deux compagnons qui forment DG CVn ont à peine trente millions d’années contre environ quatre milliards et demi pour le Soleil. Ce dernier, dans sa jeunesse, a dû connaitre des épisodes aussi violents. Mais fort heureusement pour nos satellites, il s’est assagi avec l’âge.
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